Mining Indaba: manque d'investissements pour les mines de demain [3/5]
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On ne pourra pas faire sans les minerais du sous-sol africain si le monde veut enclencher la transition énergétique telle qu'elle est actuellement pensée. Mais ces ambitions se heurtent à un paradoxe : les investissements dans les explorations – soit les recherches pour découvrir de nouveaux gisements – ne parviennent pas à décoller suffisamment en Afrique.
De notre correspondante en Afrique du Sud,
La demande de minerai critique pourrait être multipliée jusqu’à 3,5 fois d'ici à 2030 d’après l’un des scénarios de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Et pourtant, les investissements en Afrique restent insuffisants pour permettre un rattrapage de l’offre. Car il est difficile de trouver les financements nécessaires pour enclencher de nouvelles opérations d’exploration.
10% des dépenses d'exploration pour l'AfriqueAl Cook, à la tête de l’entreprise diamantaire De Beers, décrit la situation avec pédagogie : « Imaginons que je prenne ce billet de 10 rands pour l’investir dans les activités d’exploration d’Errol... Errol me dit : "En retour, je te donnerai 1 000 rands ! Sauf que je ne te donnerai pas ces 1 000 rands avant 20 ans". Et il ajoute même qu’"il n’y a qu’une chance sur 10 pour que je te rende une quelconque somme d'argent". Donc à ce moment-là, je reprends mes 10 rands et les remet dans ma poche ! »
Seules 10% des dépenses d’exploration mondiales sont à destination de l’Afrique, selon l’agence Standard&Poor’s, et elles vont en majorité dans le secteur de l’or. Ces investissements seront pourtant décisifs pour développer les mines de demain, puisqu’il faut en général dix à vingt ans avant une mise en exploitation.
« Ce qui est intéressant dans la phase d’exploration, c'est qu’on a une petite idée de ce qui se trouve sous le sol, mais ce n’est pas chiffré. Et donc c’est pour ça que la phase d’exploration est toujours plus compliquée, admet Fawzi Abi Saleh, responsable commercial au sud de la RDC pour la RawBank. Ce qu’on constate, c'est qu’elles sont financées par des start-up, des levées de fonds de l’ordre de 50 millions de dollars... C’est des "educated guess". »
Perceptions négativesLes perceptions négatives autour des risques en Afrique, au niveau des régulations, des infrastructures, et de la transparence, peuvent aussi rebuter les investisseurs. En Afrique du Sud, par exemple, la question de l’énergie ne représente qu’un problème parmi d’autres, selon Hugo Pienaar du Conseil sud-africain des mines : « Notre système pour demander des permis est très obsolète, donc cela met beaucoup trop de temps pour les obtenir. Il y a bien des investissements, mais ils servent à soutenir des opérations en cours, et non à étendre les capacités. »
De son côté, Josh Goldman, président de l’entreprise KoBold Metals, insiste sur la nécessité de rendre accessibles les données déjà connues du sous-sol : « Il faut commencer à partir de ce qui existe, sinon on passe notre temps à aller collecter des données qui l’ont peut-être déjà été par quelqu’un d’autre. Une chose très importante que les pays peuvent faire, c’est d’imposer la divulgation de ces données et de les rendre publiques et gratuites. »
La start-up américaine, qui utilise l’intelligence artificielle, a récemment annoncé la découverte d’un important gisement de cuivre en Zambie.
À terme, l’intensification des opérations d’exploration, puis d’exploitations, posera aussi des questions environnementales dans les zones concernées.
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