Quelles sont les clés de la crise agricole qui secoue l’Europe ?
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Les fermiers européens manifestent à nouveau à Bruxelles ce lundi. Au moment où leurs ministres envisagent d’alléger le verdissement de la PAC pour tenter d’apaiser cette colère qui ne faiblit pas.
La grogne a commencé il y a un an en Pologne, elle s’était cristallisée sur la concurrence jugée déloyale des céréales ukrainiennes. Depuis, ce mouvement d'exaspération et de désespoir n'a cessé de ricocher dans d’autres pays de l’Union, sur d’autres motifs, en France, en Espagne, en Grèce ou en République Tchèque et dans bien d'autres pays. Une dizaine de pays de l’Union Européenne sont concernées par cette révolution des tracteurs. Avec toujours des demandes très spécifiques liées à la situation locale, mais aussi un sentiment global de recul des revenus.
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La dégradation des revenus : le dénominateur communLa plupart souffrent de la baisse des prix et de la hausse de leur coût de production. Cette dégradation liée à l’inflation a été très sensible entre 2022 et 2023, c'est le déclencheur de la crise. Deux grandes forces aggravent la pression sur les prix selon les fermiers : la concurrence externe ouverte par les accords de libre échange, et l’industrie agro-alimentaire à l’intérieur des frontières de l’UE. C'est bien un problème de modèle économique dont ils souffrent, mais ce n'est pas le sujet qui sera traité à Bruxelles. Au niveau européen, les contraintes liées au verdissement de la politique agricole commune sont devenues l'épouvantail du mouvement. Et c'est donc sur cette variable que la commission joue depuis septembre pour éteindre l’incendie.
Les nouvelles pistes envisagéesAprès avoir assoupli la règle des jachères, Bruxelles est prêt à lâcher du lest sur les grandes prairies obligatoires. Les contrôles de Bruxelles pour vérifier que les bénéficiaires de la PAC se plient bien aux nouvelles exigences devraient être allégés. Enfin, en cas de force majeure, comme une catastrophe météo, la contrainte de cette PAC verte devrait être desserrée.
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La cause du climat sacrifiée pour «sauver l'agriculture»La commission agit dans l’urgence, sous la pression des manifestations. Et du calendrier électoral : elle veut à tout prix éviter que la cause agricole ne devienne un enjeu de la campagne des élections européennes du mois de juin. Cette cause est déjà récupérée et exploitée par les partis d’extrême droite. Pour sortir de la crise, la commission devra sans doute mieux expliquer son pacte vert destiné à réduire les émissions de carbone ou revoir le modèle économique proposé aux agriculteurs. Car ils sont convaincus que la mise en œuvre du pacte fera baisser leur production et leurs revenus. La ferme Europe émet 10 % des gaz à effet de serre. Elle cultive 60 % des produits consommés en Europe, font-ils valoir. Pour eux, la question existentielle est bien de concilier la baisse des émissions avec le maintien de leur production et de leur revenu. Une question à laquelle la commission ne répond pas pour le moment.