Japon: l'indice Nikkei cartonne, un bon signe pour l'économie du pays?

Japon: l'indice Nikkei cartonne, un bon signe pour l'économie du pays?

RFI
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Le Japon est en récession. Plombé par la chute du yen ou encore sa démographie en berne, le pays a perdu sa place de troisième économie mondiale au profit de l'Allemagne. Pourtant, l'indice Nikkei vient de battre son record historique de 1989. Des signaux contrastés que l'on a du mal à comprendre.

Il se passe quelque chose d'étrange au pays du soleil levant. En atteste notamment la Bourse de Tokyo. Les investisseurs profitent du yen déprécié. Ils s'attendent à ce que cette situation persiste, compte tenu de la politique d'assouplissement monétaire de la Banque du Japon.

Cette politique est en effet à l'opposé de celle pratiquée par d'autres grandes Banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine ou la Banque centrale européenne qui ont relevé drastiquement leurs taux directeurs depuis 2022. Cette tendance rend les valeurs japonaises bon marché pour les investisseurs étrangers et augmente les bénéfices des entreprises nippones à l'export.

La Chine plombée par la crise immobilière

La Bourse de Tokyo profite aussi du marasme des marchés financiers chinois. L'économie chinoise est à la traîne, plombée par la crise immobilière. Conscients des risques géopolitiques sino-américains autour de Taïwan, les gérants de grands fonds internationaux préfèrent les transférer de la Chine au Japon.

Il y a eu notamment un effet d'entraînement lié à Warren Buffett. Dès 2020, le célèbre milliardaire-philanthrope américain avait misé sur plusieurs sociétés japonaises. L'an dernier, il a augmenté sa participation au capital de cinq grandes maisons de commerce ou conglomérats japonais, tout en réaffirmant sa confiance en la bonne santé de la Bourse de Tokyo.

Quelle leçon à tirer de tout cela ? Le Japon est sorti, au moins provisoirement, de la déflation dont il souffrait depuis trente ans. L'inflation est même un peu trop forte en ce moment. Mais les Japonais espèrent que cela favorisera enfin la hausse des salaires. Le pays a grandement besoin de réformes économiques pour augmenter son potentiel de croissance.

Le revers de la médaille

Dans ce contexte fragile, les entreprises nipponnes soignent davantage leurs actionnaires que par le passé. Soit par les dividendes, soit par un mécanisme aussi controversé que fréquent. Elles n'hésitent pas à gonfler artificiellement la valeur de leurs titres en rachetant une partie de leurs propres actions. Ce qui contribue à l'enrichissement des actionnaires, au lieu d'être réinvesti dans l'économie réelle.

Cela rappelle dangereusement la période de la bulle spéculative vécue par le Japon à la fin des années 1980. Pas de bulle pour l'instant, mais les experts restent prudents. Le Japon doit poursuivre les efforts afin que l'attractivité financière de Tokyo soit durable et qu'elle puisse profiter à l'économie de tout un pays.

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