Pourquoi la colère des agriculteurs en Inde ne fléchit pas
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Alors que des milliers d'agriculteurs indiens, à bord de leurs tracteurs, vont reprendre leur avancée en direction de New Delhi ce 21 février, les syndicats agricoles se disent plus que déterminés et réclament toujours une loi fixant un prix minimum pour toutes les récoltes.
Le mouvement des agriculteurs espère reproduire le succès du « siège » des autoroutes menant à la capitale qui avait duré un an en 2021. Ce bras de fer contre une libéralisation des marchés agricoles avait poussé le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi à abandonner ses projets de réforme agricole.
Aujourd'hui, la principale revendication des manifestants porte en effet sur l'instauration d'un prix minimum de soutien élargi à toutes les cultures. Prix de soutien déjà en place pour certains produits, notamment le riz et le blé, et certaines légumineuses et oléagineux, mais le système n'est pas généralisé. Ils réclament aussi un allègement de leurs dettes et la mise en place d'une pension mensuelle de 120 dollars pour les plus de 60 ans.
Les manifestants ont temporairement interrompu leur avancée vers Delhi la semaine dernière en attendant l'issue des négociations entre les ministres du gouvernement et les syndicats. Mais plusieurs cycles de négociations n'ont pas permis d'aboutir à une percée.
Dimanche dernier, les autorités ont proposé de garantir des prix minimum pour certaines cultures mais la coordination des agriculteurs a rejeté cette offre, estimant qu'elle couvrait trop peu de récoltes et qu'elle ne répondait pas à leurs attentes. La semaine dernière, la marche vers la capitale, a rassemblé des milliers d'agriculteurs, et s’est soldée par des affrontements avec les forces de l'ordre.
Poids du secteur agricole en IndeLe secteur agricole représente une part non négligeable de l'économie indienne, mais reste largement à la traîne par rapport aux efforts de modernisation du pays. Les chiffres parlent d'eux même : le secteur agricole représente 45% de la main d'œuvre et 15 % du PIB indien. Deux tiers de la population dépend de l'agriculture pour vivre, selon des chiffres officiels. Or, l'Inde qui a dépassé la Chine en tant que nation la plus peuplée du monde en 2023, est inquiète de la façon dont elle pourra continuer à nourrir sa propre population.
Les rendements sont faibles avec de petites parcelles et des exploitations, qui, pour la moitié manquent d’équipement de base.
De nombreux agriculteurs indiens n'ont d'ailleurs pas accès au financement et ceux qui peuvent obtenir un crédit paient souvent 10 à 25% au-dessus des taux du marché, selon le cabinet de conseil McKinsey. Les récoltes sont également affectées par des conditions météorologiques de plus en plus difficiles en raison du changement climatique.
Plus de 300 000 d'entre eux se sont suicidés depuis les années 1990, selon les chiffres officiels, et les agriculteurs sont nombreux à déplorer un état de détresse financière constante. Le gouvernement de Narendra Modi joue gros à quelques semaines de la tenue d'élections générales en Inde. Les agriculteurs indien formant le bloc électoral le plus influent du pays.
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