Coton, des prix au-delà de la compréhension
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Les prix du coton sont à la hausse et viennent de retrouver un niveau qui n'avait pas été atteint depuis un an et demi. Une hausse difficilement explicable, car la demande n'est pas encore réellement repartie.
20% d'augmentation ces deux derniers mois : les acteurs de la filière sont les premiers surpris par les performances affichées sur le marché du coton. L'augmentation des prix est même « inexplicable », confient certains experts du secteur, au vu des équilibres actuels entre la consommation, la production et les stocks mondiaux. Ce qu'on appelle le marché « physique », celui du coton récolté dans les champs, semble déconnecté du marché financier, du marché « papier », comme on dit dans le jargon.
Une production confortableLa production est en effet largement capable de répondre à une consommation qui est toujours en souffrance : même si les exportations de janvier des usines du Bengladesh pourraient annoncer une reprise de la demande mondiale, celle-ci n'est pas encore confirmée et si c'était le cas, elle pourrait sans problème être nourrie par la récolte indienne, mais aussi par celle à venir au mois de mai en Australie, et par celle attendue en juillet au Brésil, qui s'annonce plus que rassurante, sans oublier la production africaine bien partie pour se redresser.
Une hausse alimentée par les spéculateursSi les données fondamentales du marché n'expliquent pas la hausse des prix, c'est que la réponse est donc ailleurs. On est face à « un phénomène purement spéculatif, purement technique », résume un négociant, qui pointe le rôle de fonds spéculatifs anglo-saxons, et en particulier américains, qui s'agitent actuellement sur le marché.
La dernière récolte américaine, plus basse que la précédente, est déjà largement exportée et crée un sentiment de manque, alors qu'il y a du coton ailleurs. « On se retrouve prisonnier d'une production américaine réduite », qui fait grimper les prix à la Bourse de New York (ICE), mais aussi, par ricochet, les prix internationaux, explique notre interlocuteur qui se dit aujourd'hui « otage » de ses fonds.
Des prix attractifs pour les producteursCes prix à la hausse compliquent la tâche des maisons de négoce, qui doivent aujourd'hui acheter à des prix qui ne cessent de monter, « sans garantie de pouvoir vendre », explique un de leurs représentants : une situation qui implique une prise de risque financier plus importante que d'ordinaire. Les prix actuels pèsent aussi sur les filatures, le prix du fil n'ayant pas augmenté autant que celui du coton qu'elles doivent acheter.
Le contexte profite en revanche aux producteurs et en particulier à ceux du continent africain. Même si les coûts de revient du coton sont devenus très élevés, la remontée des cours est aujourd'hui accueillie avec le sourire, et motive les sociétés cotonnières africaines à vendre leur récolte.