Riz sénégalais: le pays est toujours loin de son objectif d’autosuffisance
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Chaque année, un Sénégalais consomme 100 kilos de riz. Mais le pays est toujours loin de son objectif d’autosuffisance, malgré un ambitieux programme lancé en 2014. La production a augmenté, mais le pays importe toujours la majorité de son riz d’Asie et la filière locale fait face à de nombreux défis.
L’autosuffisance en riz, annoncée pour 2017, puis 2019, n’est toujours pas en vue et les progrès demeurent modestes au regard des ambitions. La production augmente bel et bien dans la zone irriguée au nord du pays, et la zone pluviale au sud : selon les chiffres officiels, elle a triplé en 10 ans, passant de 469 000 tonnes au niveau national en 2012 à 1,5 million en 2023.
Mais les besoins de consommation sont immenses et augmentent rapidement, et le Sénégal importe encore 60% de son riz. Plusieurs facteurs favorisent encore le riz importé : d’abord les coûts de production élevés du riz sénégalais et la compétitivité des céréales importées d’Asie qui fragilisent les cultivateurs locaux. Dans la vallée du fleuve, des aménagements importants sont nécessaires pour permettre l’irrigation fluviale.
Côté taxes, le riz importé n’est pas soumis à la TVA, alors que les investissements des producteurs locaux le sont, comme le gasoil et certains intrants. Un effort a été fait du côté de l’État sénégalais qui subventionne désormais le kilo de riz local à hauteur de 30 francs CFA par kilo.
Les goûts des consommateurs entrent aussi en jeuBeaucoup de Sénégalais préfèrent le riz brisé asiatique auquel ils sont habitués, et considèrent le riz local comme moins pratique parce qu’il nécessite d’être longuement lavé. Niveau prix cependant, il faut noter qu’en ce moment, le prix du riz sénégalais est en dessous du riz importé, à moins de 400 francs CFA le kilo contre 500 francs CFA le kilo.
Le potentiel du Sénégal est encore sous-exploitéSur le département de Dagana, dans la vallée du fleuve, la Saed, société d’aménagement du delta, parle de 340 000 hectares disponibles pour la culture du riz, mais seulement 98 000 sont emblavés. Les producteurs font face à de nombreuses difficultés, comme des nuées d’oiseaux qui mangent les récoltes, le changement climatique avec des pluies précoces qui noient leurs champs, ou encore des problèmes d’accès au matériel et au crédit. Par exemple, les cultivateurs ont dû l’an dernier faire venir des moissonneuses-batteuses à chenille de Mauritanie pour pouvoir récolter leurs parcelles inondées.
À cause de toutes ces difficultés, l’objectif de deux récoltes par an dans cette zone irriguée au nord du pays n’est donc pas rempli. L’horizon pour l’autosuffisance est désormais fixé à 2030. Et le Sénégal dit avoir besoin de 1 500 milliards de francs CFA pour l’atteindre.