Les autorités kenyanes tentent de relancer la filière sucre

Les autorités kenyanes tentent de relancer la filière sucre

RFI
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Au Kenya, le ministère de l’Agriculture vient de mettre en gérance cinq raffineries de sucre. Ces industries sont toutes propriété de l’État. Confier leur gérance au secteur privé est une des mesures annoncées par le président William Ruto qui tente de redynamiser le secteur sucrier, en crise depuis des années.

C’est à la dernière minute que William Ruto a fait volte-face. Le président souhaitait au départ privatiser les raffineries sucrières kényanes afin de dynamiser le secteur. Mais face à la pression politique des acteurs de l’ouest du pays, fief de l’industrie du sucre, il s’est finalement ravisé et a opté pour une simple mise en gérance de cinq raffineries. 

Florissant dans les années 1980 et 1990, le secteur sucrier kényan nage dans le marasme depuis les années 2000. Aujourd’hui, il ne tient plus tête aux importations étrangères non taxées au Kenya et donc moins coûteuses. Par conséquent, le pays importe plus de la moitié de sa consommation.

Canne à sucre kényane en souffrance

Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade. D’abord, on l’a vu, la compétition internationale. Ensuite, face à ces difficultés, les raffineries ont tendance à acheter à bas coût la canne à sucre kényane. Plus assez rentable, les agriculteurs s’en détournent et les plantations se réduisent. Leurs organisations professionnelles demandent donc aux autorités d’augmenter le prix d’achat de la canne à sucre.

Autre problème : les raffineurs ont tendance à acheter aux petits producteurs des cannes immatures, moins sucrées, mais très peu coûteuses. Avec, ils fabriquent des aliments pour bétail, de l’éthanol ou de la mélasse, là aussi moins chers à produire. Mais les conséquences de ces récoltes précoces sont dévastatrices sur les plantations.

Combattre les cartels

Face à cette situation, l’administration Ruto n’y est pas allée par quatre chemins, dénonçant l’emprise des cartels, c’est-à-dire des organisations criminelles, sur ce secteur. En juillet 2023, l’AFA, l’Autorité de l’agriculture et de la nourriture, a décidé de fermer les raffineries pour plusieurs mois. Le temps pour les plantations de se régénérer. Leur récolte a eu lieu le mois dernier.

L’enjeu du secteur sucrier est important pour le président William Ruto : d'après le ministère du Commerce, 8 millions d’emplois en dépendent.

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