Cacao, l'ascension fulgurante des prix continue sur fond de récolte en berne
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Sur le marché du cacao, les cours flirtent désormais avec les 6 000 dollars la tonne à la Bourse de New York et illustrent les baisses de production chez les deux géants d'Afrique de l'Ouest, Ghana et Côte d'Ivoire.
Aucun chiffre officiel de production n'est pour l'instant avancé par les deux géants du cacao qui n'ont pas encore terminé leur récolte principale, la plus importante de l'année. Seule précision donnée par l'organisme régulateur ghanéen, le Cocobod, lors de la réunion de la World Cocoa Foundation, à Amsterdam, les 6 et 7 février 2024 : 800 000 hectares de cacao seront perdus dans le pays à cause du swollen shoot, une des maladies des cacaoyers, sur une surface globale dédiée au cacao de 2,7 millions d'hectares, en 2021.
Selon différents acteurs de la filière, un quart, voire un tiers de la production pourrait être perdue cette année. Un tiers, c'est aussi ce qui ressort des derniers chiffres communiqués par l'Organisation internationale du cacao (Icco). L'Icco fait état d'une baisse de 34 % des arrivées dans les ports ivoiriens, en date du 4 février 2024, par rapport à l'année dernière, et d'une diminution de 35 % des achats opérés par le Cocobod auprès des planteurs, à ce stade de la campagne, deux chiffres qui sont de bons indicateurs du niveau de la production.
« Panique » sur les marchésCette chute vertigineuse des récoltes affole les marchés. Et de fait, les superlatifs se multiplient depuis des semaines, pour ne pas dire des mois, pour évoquer la hausse fulgurante des cours, que ce soit à la Bourse de New York ou de Londres. Les records sont quasi quotidiens avec des prix qui ont plus que doublé en un an. Une hausse alimentée par la crainte de voir le déficit de production être pire que ce qui était prévu cet automne déjà.
En cause, les conditions météorologiques défavorables, la multiplication de parasites et maladies, le vieillissement des plantations. Il faut ajouter au Ghana la compétition avec les orpailleurs, qui grignotent de plus en plus d'hectares dédiés jusque-là au cacao.
Dans l'attente d'un revenu décent pour les planteursMais aussi importante soit-elle, la hausse des prix ne profite pour l'instant pas au producteur d'Afrique de l'Ouest. En cause, les mécanismes de fixation des prix payés au cacaoculteur qui intègrent la hausse des cours avec plus d'une année de décalage, ce qui n'est pas le cas au Cameroun par exemple.
Ces prix ont déjà augmenté au début de la campagne qui a commencé en septembre-octobre, pour refléter la hausse qui avait déjà débuté l'année dernière, mais ils sont loin d'être assez rémunérateurs pour les paysans, rappelle Alex Assanvo, le secrétaire exécutif de l'Initiative Cacao-Ghana. D'autant, rappelle-t-il, qu'il leur est demandé désormais d'assurer la durabilité de leur production.
Dans une tribune publiée sur le site news.abidjan.net, le responsable plaide pour un prix du kilo de fèves qui ne serait plus fixé « sur la base d'algorithmes », mais sur la « vraie valeur » de la matière première afin de protéger les planteurs de « l'exubérance irrationnelle du marché ».
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