Un tube peut en cacher un autre…
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En cette veille de Noël, amusons-nous un peu… Sauriez-vous déceler, derrière les ritournelles que vous fredonnez chaque jour, les auteurs ou interprètes originaux ? Avant les Fugees, qui chantait « Killing me softly » ? Avant UB40, qui avait créé « Kingston Town » ? Et avant Elvis Presley, qui interprétait « Hound Dog » ? Marc Maret est un archiviste passionné dont le passe-temps est de dénicher les versions initiales de classiques de la pop-music mondiale. Il présente, aux éditions Hors Collection, un ouvrage fort ludique réunissant 100 compositions historiques devenues des tubes bien après leur création.
Marc Maret évolue au milieu des disques depuis des décennies. Ancien responsable de la discothèque de Radio France, il a largement eu le temps de se plonger dans les trésors du patrimoine enregistré. Il a, de fait, acquis un savoir qui lui permet de déjouer tous les pièges de l’engouement populaire. Nous ne faisons pas spontanément l’effort de nous interroger sur la paternité des œuvres que nous écoutons quotidiennement. Lorsque nous nous réjouissons de taper du pied en regardant les Blues Brothers se lancer dans un tour de chant cinématographique trépidant, cherchons-nous instantanément à connaître les créateurs originels de leur répertoire ? Non !
Une culture musicale se nourrit de notre quête de vérité. Plus nos connaissances s’affinent, plus notre oreille décèle les relectures et, parfois, les impostures. De là à considérer que toute adaptation relève de la forfaiture, il y a un pas que nous ne franchirons pas car certaines appropriations artistiques sont suffisamment inspirées pour atteindre une indéniable légitimité. Qui contesterait aujourd’hui l’indiscutable version du classique « Hey Joe » par Jimi Hendrix ? Plus personne. Il serait pourtant honnête de rappeler que cette composition n’est pas de lui mais d’un certain Billy Roberts. Encore que cette assertion soit toujours sujette à controverse…
La transmission d’un héritage sonore, notamment dans « L’épopée des Musiques Noires », interroge souvent les historiens car les documents rares, manquants ou incomplets, ne permettent pas toujours d’identifier un parolier ou un instrumentiste. Beaucoup de chansons, parvenues jusqu’à nous, sont nées de la tradition orale insufflée par les esclaves africains sur le territoire américain, il y a des siècles. Ce folklore ancestral véhiculait des chants, des danses, des contes, dont il est très difficile aujourd’hui de cibler l’origine. Il faut donc accepter que l’approximation des sources ne puisse pas toujours donner la réponse à un questionnement.
L’avènement de l’enregistrement sonore au début du XXè siècle a conduit les musiciens et producteurs de disques à référencer leurs œuvres avec plus de rigueur. Grâce à ce travail de fourmis, certes fort fastidieux, nous sommes en mesure désormais de nommer les vrais créateurs. Ce progrès indéniable devrait nous encourager à fouiner davantage et à ne plus seulement se contenter d’un aperçu sommaire. Le livre de Marc Maret y contribue. Nous ne pouvons que nous en féliciter !