Européennes: les droites radicales engagées dans la bataille des groupes

Européennes: les droites radicales engagées dans la bataille des groupes

RFI
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Au printemps prochain, les Européens seront amenés à renouveler leur parlement à Strasbourg. En France, l'élection aura lieu le 9 juin. Un scrutin de liste, à un seul tour. Mais derrière chaque campagne nationale, en coulisses, les négociations ont commencé pour recomposer les groupes politiques que vont rejoindre les députés européens, une fois élus ou réélus. Et la bataille est particulièrement rude à l'extrême droite.

Les groupes politiques, comment ça marche à Strasbourg ?

C'est un peu comme les groupes politiques à l'Assemblée nationale ou au sénat. Mais à Strasbourg, les règles sont un peu plus complexes. Pour constituer un groupe au Parlement européen, au moins 23 députés doivent s'allier, ce qui est assez facile. Là où ça se complique, c'est que ces eurodéputés doivent représenter un quart des États membres soit sept pays différents pour pouvoir créer un groupe. Alors bien sûr, si certains députés ne parviennent pas à constituer un groupe, ils peuvent toujours siéger seuls, parmi ce qu'on appelle les « non-inscrits » mais ils pèseront beaucoup moins.

Pourquoi le Rassemblement national est-il dans une position délicate ?

Les députés du RN font aujourd'hui partie du groupe Identité et Démocratie représenté dans seulement huit pays de l'Union, avec des alliés qui pourraient passer sous la barre des 5 % en juin prochain et donc tout simplement disparaître du Parlement. En cas de mauvais résultats pour les forces d'extrême-droite chez nos voisins, Jordan Bardella pourrait de fait se retrouver avec moins de six alliés et donc sans groupe à Strasbourg. Raison pour laquelle Marine Le Pen était au Portugal fin novembre, pour convaincre Chega !, le parti d'ultra-droite local, très en forme dans les sondages, de rejoindre le groupe du RN en juin prochain. C'est pour cela que le parti à la flamme ne veut pas couper les ponts avec ses alliés allemands de l'AfD, malgré la présence de néo-nazis dans ses rangs. Et c'est pour cela enfin que les élus du Rassemblement national ont plutôt mal vécu début février le ralliement du seul élu Reconquête (Nicolas Bay) à un autre groupe, le groupe ECR.

ECR, un autre groupe d'extrême droite ?

ECR, c'est l'autre groupe, beaucoup plus puissant, des droites radicales à Strasbourg. ECR comme Conservateurs et réformistes européens. C'est dans ce groupe que siègent les eurodéputés italiens du parti de Giorgia Meloni et que siègeront ceux du Hongrois Victor Orban, à partir de juin. ECR pourrait devenir le troisième groupe du Parlement, à l'issue du scrutin. Pas étonnant donc que le Rassemblement national voit ce ralliement avec une certaine jalousie. Car faire partie du groupe ECR, c'est plus de visibilité, plus de poids pour les députés européens d'Eric Zemmour qui pourraient faire leur entrée dans l'hémicycle. Quand Marine Le Pen et Jordan Bardella, eux, vont devoir batailler pour sauver un groupe avec des alliés parfois très embarrassants. La bataille ne fait que commencer.