Attal-Bardella: le match des héritiers
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Ils sont tous les deux jeunes et ambitieux, ils incarnent l'avenir de leurs partis : Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre désigné par Emmanuel Macron et Jordan Bardella, le président du Rassemblement National adoubé par Marine Le Pen. Le duel Attal-Bardella va commencer avec la campagne pour les élections européennes.
Leur match promet des étincelles et des punchlines, car Gabriel Attal et Jordan Bardella sont tous les deux des orateurs, ils font partie de ces politiques qui ne se démontent pas, qui parlent bien, qui parlent clair, de bons clients pour les médias. Et la nomination de Gabriel Attal à Matignon a tout de suite été analysée dans la perspective des élections européennes du mois de juin. Pour une conseillère ministérielle, le nouveau Premier ministre est un choix « malin qui ravit les Français » et s'inscrit en effet « dans la stratégie du match contre Bardella », la tête de liste du RN, qui caracole en tête des sondages. Gabriel Attal, c'est un peu comme la promesse de la potion magique pour stopper la progression du RN.
Une bonne nouvelle pour le RNMais ça ne fait pas peur au RN. Au contraire, ils sont enchantés. « C'est une bonne nouvelle… Ça légitime le fait que l'on peut avoir des responsabilités entre 25 et 35 ans », estime-t-on dans l'entourage de Jordan Bardella. C'est l'effet boomerang de la volonté de rajeunissement affichée par le président de la République avec le choix de son nouveau Premier ministre de 34 ans. Plus possible de dire que Jordan Bardella est trop jeune pour être crédible. Et pour bien faire passer le message, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont accordé une interview commune au Journal du Dimanche juste après le remaniement dans laquelle ils se sont présentés comme un ticket pour 2027. D'ailleurs un élu de la majorité ne s'y trompe pas, pour lui « c'est la réponse de la bergère au berger ».
La relève ?C'est aussi la relève qui se joue. Gabriel Attal et Jordan Bardella semblent tous les deux sur orbite pour incarner l'après-Macron et l'après Le Pen. Des héritiers en quelque sorte, même si dans l'entourage de Marine Le Pen, on n'aime pas beaucoup ce terme — qui « minimise » dit-on – ce qu'est Jordan Bardella par lui-même. Emmanuel Macron – lui – a fait des compliments très appuyés à Gabriel Attal avant même de le nommer Premier ministre et il n'est pas coutumier du fait. Le président a salué son « énergie », son « courage », s'est réjoui d'avoir à ses côtés quelqu'un qui « partageait ses combats depuis l'origine », bref d'avoir fait émerger un « talent ». Un talent qui lui ressemble, capable de reprendre le flambeau dans le combat contre l'héritier de Marine Le Pen.