Loi immigration: après le vote, un «champ de ruines» à l'Assemblée nationale
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Une semaine politique très agitée s’achève en France. L’exécutif a été sérieusement secoué après le vote de la loi immigration qui, après plusieurs réécritures, penche largement à droite, voire à l’extrême droite. La majorité en est ressortie divisée. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a démissionné, sa collègue de l’Enseignement supérieur a tenté de faire de même mais sa démission a été refusée. Rarement l’ambiance aura été si tendue dans les couloirs du palais Bourbon.
On n’avait pas vu telle agitation depuis le vote de la réforme des retraites au début de l’année. Sauf que cette fois, c’est dans le camp présidentiel et pas chez les oppositions que le malaise est le plus palpable. Il y a ceux qui font mine de ne pas voir le problème malgré l’insistance des journalistes, ceux qui considèrent qu’il fallait un texte coûte que coûte. Et puis il y a ceux, sonnés, qui n’ont pas pu cacher leur désarroi. 59 députés de la majorité – soit un quart des macronistes - n’ont pas voté la loi. Le premier d’entre eux, c’est Sacha Houlié, le président de la commission des lois, qui assume un « désaccord de fond ».
Habituellement très avenant avec les journalistes, il est apparu sans dire un mot et la mine défaite au moment du vote mardi soir. Et on ne peut pas vraiment dire que les interventions dans les médias d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne ont arrangé les choses. « Il n’y a rien de pire que le déni », nous confie Gilles Legendre qui n’est pas n’importe qui. C’était le patron des députés macronistes, lors du précédent quinquennat.
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La majorité divisée, la gauche « dégoutée »À gauche, c’est le mot « dégoût » qui revient le plus souvent quand on interroge les membres de la Nupes. On a même assisté tard mardi soir à un coup de sang du socialiste Jérôme Guedj contre la députée Renaissance Monique Iberra, juste après le vote : « Un jour, tu as été de gauche, lui a-t-il lancé. Et maintenant, tu votes avec le Rassemblement national… J’ai honte pour vous ! »
Du côté de la droite et de l’extrême droite, on se frotte les mains. Marine Le Pen a même parlé de « victoire idéologique ». Mais n’allez surtout pas dire aux députés du Rassemblement national que leur vote pour le texte est un coup politique préparé à l’avance. Non. Ils auraient même été surpris à en croire un député RN au cœur des négociations : « Vous auriez dû voir nos têtes quand on s’est aperçu que les macronistes allaient voter nos mesures…»
Une rentrée difficile en perspective« Si seulement la pause de fin d’année pouvait durer jusqu’en 2027… », glisse une députée qui n’a pas attendu la fin de la semaine pour rentrer dans sa circonscription. Et ce n’est pas la seule. Les couloirs du palais Bourbon sont bien déserts depuis le vote de la loi immigration. « Un champ de ruines », selon les dires d’un membre de la majorité. Sauf qu’il va falloir continuer avec potentiellement l’examen d’un texte sur l’AME, l’aide médicale d’État, en janvier. C’est une promesse faite à la droite par la Première ministre Elisabeth Borne. De quoi rouvrir des plaies à peine refermées.
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