Maroc: le centre d'hébergement Chourouk à Ben Guerir redonne espoir aux femmes vulnérables
Podcast
About this episode
Ben Guerir, petite ville d’environ 80 000 habitants à trente minutes de Marrakech. C’est là que se trouve le centre d’hébergement géré par l’association Chourouk, dédié à l’accueil de femmes en situation difficile ou victimes de violences. Depuis sa création en 2012, l’équipe du centre est connue pour son action auprès des femmes les plus vulnérables et marginalisées : mères célibataires, femmes rejetées par leurs familles ou violentées par leurs conjoints, etc. Notre correspondante s’est rendue sur place pour les rencontrer.
« Je suis ici pour profiter de l’hébergement qu’on m’offre parce que je suis enceinte. J’en suis à mon neuvième mois. Je peux accoucher à tout moment maintenant, et si je n’étais venue ici, je n’aurais pas pu faire suivre ma grossesse par un médecin. Je serais restée cachée par peur du regard de la société. » Asma a 17 ans. Elle occupe une chambre dans le centre d’hébergement depuis sept mois. Violée dans son village près de Ben Guerir, elle a dû fuir pour masquer sa grossesse.
Souad Lahrach est l’assistante sociale du foyer. Elle se charge du premier accueil. « On est le seul centre d’hébergement ici. Donc, on accueille toutes sortes de catégories de femmes et quelle que soit la forme de violence à laquelle elles sont confrontées. Mon rôle est de les écouter et de les conseiller selon leurs demandes et leurs besoins. Certaines veulent un accompagnement juridique, donc je les aide avec mes connaissances ou alors, elles rencontrent notre avocate. D’autres veulent voir un psychologue ou juste vider leur sac. Donc je les écoute, je les mets à l’aise et une fois qu’elles sont dans mon bureau et que la porte est fermée, personne ne peut entrer », explique-t-elle.
Pour la présidente de l’association, le rôle du centre d’hébergement et de son équipe est de rassurer ces femmes et de les mettre à l’aise. « On a un jardin entretenu par les femmes qu’on accueille, et là, on a une aire de jeu pour les enfants des mamans qu’on héberge, avec des balançoires et des toboggans. Notre centre d’hébergement n’est pas une prison. On leur donne leur liberté. Elles peuvent cuisiner ce qu’elles ont envie de manger. Elles vivent comme une famille », indique Khadija Elidrissi.
Dans la cuisine, on retrouve Ghizlaine. Depuis trois mois, la jeune femme de 41 ans est hébergée avec sa fille d’un an et demi. « J’étais mariée, mais mon mari s’est enfui et je ne savais plus où aller, alors je suis venue ici. Et ici, je suis en paix, on a tout à notre disposition. C’est comme si j’étais chez moi. Je suis même mieux que quand j’étais chez ma famille ou celle de mon mari. On s’entraide, on cuisine ensemble, on dort ensemble. On est comme des sœurs », explique-t-elle.
Le centre peut accueillir jusqu’à 35 femmes. Elles peuvent rester autant qu’elles le souhaitent, mais le but de l’association est de les aider à gagner leur indépendance. Elles peuvent suivre des cours d’informatique et de couture pour pouvoir un jour trouver un emploi et subvenir à leurs besoins.