Les Arméniens de Marseille célèbrent la panthéonisation du couple Manouchian
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Rescapé du génocide arménien en 1915, Missak Manouchian était arrivé en France en 1924. C'est là qu'il rencontre celle qui allait devenir sa femme : Mélinée. Poète, militant communiste puis chef d'un groupe de résistants, il a été fusillé il y a 80 ans. Sa panthéonisation symbolise une reconnaissance forte, notamment pour la communauté arménienne à Marseille.
De notre correspondante à Marseille,
En 2014, l’antenne marseillaise de l’association Jeunesse arménienne de France lance une pétition pour transférer les cendres du couple de résistants arméniens Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. « C’est l’accomplissement d’un long travail », savoure Julien Harounyan, coprésident du Conseil de coordination des organisations arméniennes pour le Sud de la France. « C’est dix ans de combat qui est parti de Marseille ».
À Marseille, cette mémoire est bien présente. Cela fait quinze ans que le buste de Missak Manouchian a été érigé dans le square du même nom, au-dessus du Vieux-Port. Tous les ans, des cérémonies ont lieu pour commémorer le groupe Manouchian. « Et cette année, panthéonisation oblige, il y aura, outre la cérémonie officielle, une chorale de 80 personnes qui viendra entonner la Marseillaise, Le Chant des partisans et durant la journée, il y aura une exposition ainsi qu’un autre concert au centre culturel de la jeunesse arménienne de France, ici. »
« Connaître et partager sa culture »Dans le hall du centre culturel, dans lequel trône aussi un buste de Manouchian, tout le monde a les noms de Missak et Mélinée au bord des lèvres. Comme cette professeure de danse traditionnelle : « C’est un grand honneur, on est fiers. Les jeunes doivent connaître l’histoire de France et aussi l'histoire d’Arménie et d’Arméniens qui a eu un impact en France. Grâce à Manouchian, ils en sauront un peu plus et seront plus curieux. »
Karina, 15 ans, venue pour sa répétition, est fière de ses origines : « L’Arménie, c'est mon pays, mes parents sont nés là-bas. Et même si je suis née en France et que la France est aussi mon pays, l'Arménie, c'est différent, car nos cultures, nos saveurs, notre religion... tout nous ramène là-bas. Je trouve que c’est important de garder et de partager notre culture. »
Partager sa culture, c’est ce que font de nombreux Arméniens depuis des années à Marseille. La cité phocéenne a toujours été une ville importante pour la communauté, explique Julien Harounyan : « Il y a 100 000 Arméniens ici, donc ça fait à peu près un Marseillais sur dix. Marseille a toujours été la porte d'entrée pour la plupart des Arméniens pour la France et même pour d’autres pays d’Europe et du monde. »
Quatre-vingts ans après et à l’occasion de cette panthéonisation, les mémoires de Missak et Mélinée Manouchian sont honorées en France. Elles n’ont jamais cessé de l’être à Marseille.
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