Ukraine: inquiétude des troupes face au manque de munitions sur le front près de Koupiansk
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Les troupes russes ont intensifié leurs assauts contre l’armée ukrainienne le long de la ligne de front orientale. Le week-end dernier, les Ukrainiens ont été contraints de se retirer de la ville dévastée d'Avdiivka, dans l'est du pays, afin d'éviter d’être encerclés par les forces russes. La prise d'Avdiivka constitue la plus grande victoire de la Russie sur le champ de bataille depuis la prise de Bakhmout en mai 2023. La pression se poursuit en d’autres points du front. C’est le cas dans la région de Koupiansk dans le nord-est de l’Ukraine. Face aux assauts russes, les Ukrainiens renforcent leur défense.
De nos envoyés spéciaux dans la région de Kharkiv,
En roulant vers l’est, passé la zone industrielle de Koupiansk dévastée par les bombardements, puis le village de Petropavlivka, détruit et vidé de ses habitants à l’automne, les premières lignes de défense ukrainiennes apparaissent dans les champs enneigés, de part et d’autres de la route. Max, le porte-parole de la 123ᵉ brigade mécanisée : « À gauche, vous pouvez voir cet amoncellement de blocs de pyramides en béton. On n’a pas encore eu le temps de les installer, mais va s’y atteler bientôt. C’est ce qu’on appelle des dents de dragon. Ces dispositifs ont prouvé leur efficacité pour entraver l’avancée d’engins motorisés. »
Dans un abri sous-terrain proche des lignes de défense, les bruits sourds des combats parviennent jusqu’au dortoir plongé dans le noir. Contrairement à nous, les Russes n’ont pas à économiser leurs munitions, regrette le vétéran du groupe, un engagé volontaire de 58 ans, qui se fait appeler Le Letton : « C’est vrai que la situation est compliquée, mais c’est à cause du manque de munitions. Les Russes, eux, ont accumulé des armes pour se battre contre l’Otan et ils utilisent ces armes pour faire la guerre à l’Ukraine. Si on avait eu assez d’armement, on aurait pu garder Avdiivka. »
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« J’aimerais que tout cela se termine »La deuxième année de l’opération militaire russe s’achève sur un succès pour Moscou, la prise d’Avdiivka, dans la région voisine de Donetsk. Même si ces gains russes sont modestes, pour les soldats ukrainiens fatigués, la foi en une victoire prochaine s’amenuise, raconte un autre membre de l’unité, 45 ans, qui répond au surnom de « Batone » :
« L’an dernier, on ressentait plus d’euphorie, on avait l’impression qu’il fallait encore tenir un tout petit peu et que ce serait sur le point de se terminer. Mais aujourd’hui, avec toutes ces informations négatives, on a l’humeur moins joyeuse. Bien sûr, on est fatigués, ça fait deux ans ! J’ai aussi combattu en 2014-2015, mais les choses étaient plus claires : on servait pendant un temps donné et ensuite, on était remplacé par de nouvelles personnes. Aujourd’hui, c’est plus possible. »
« J’aimerais que tout cela se termine ou que, du moins, ça se stabilise d'une manière ou d'une autre. Je comprends que "terminer" est un bien grand mot, quant à la victoire, on n’a pas les ressources nécessaires pour gagner face à un ennemi qui possède bien plus d’hommes et d’armes que nous. Mais on va continuer à tenir, que peut-on faire d’autre ? On n’a pas beaucoup le choix. »
Les soldats disent surtout manquer cruellement de munitions et en particulier d’obus de 155mm. « Quand les nôtres tirent 5 obus, on en reçoit 50 en retour. Les Européens ont annoncé au monde entier qu’ils fourniraient un million d’obus à l’Ukraine, mais dans les faits, ils n’en n’ont même pas livré un demi-million. Alors que la Russie en fabrique 2 millions et demi et ça, c’est sans tenir compte du fait qu'ils ont leurs partenaires dictatoriaux qui les aident. Eux, ils n’ont aucune bureaucratie. Ils passent un coup de fil et le lendemain, ils ont leur livraison », se désole le quadragénaire, « l'Ukraine défend les frontières de l'Europe, de tout le monde libre, on peut dire. J’aimerais bien demander à un haut responsable européen : qu’est-ce que vous attendez ? La machine russe de guerre est lancée et elle ne va pas s’arrêter. Il s’agit de la vie de nos soldats. Ils se font faucher et après eux, qui prendra la relève ? »
Du fin fond de son abri humide, le soldat rêve d’aller manger des crevettes sur la plage d’Odessa ou de rendre visite à un ami sur le lac de Côme en Italie… mais tout cela, soupire-t-il, ce sera après la victoire.
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