À la Une: la présidentielle au Sénégal, quand, comment et avec qui?
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On en saura doute plus ce jeudi soir à partir de 19 heures, heure locale, avec la conférence de presse du président Macky Sall qui sera face aux médias : un face-à-face retransmis en direct par la RTS.
« Un face-à-face redouté, s’exclame WalfQuotidien, et où chaque mot aura son importance dans un contexte où la liste des décès, à la suite des manifestations contre le report de la présidentielle, s’est allongée avec la mort de Prosper Clédor Senghor, étudiant à l’université Gaston Berger qui a succombé, hier, à ses blessures à l’hôpital principal de Dakar. La déclaration du président Sall intervient dans un moment critique, où il est attendu sur une date ferme pour la tenue de l’élection présidentielle. Concernant ce point, la Société civile a déjà pris les devants en proposant la date du 3 mars, là où la nouvelle plateforme Aar sunu élections (protéger notre élection) avance la date du 10 mars. »
En attendant, « Macky Sall entretient toujours le flou, constate encore WalfQuotidien. En Conseil des ministres hier, Macky Sall a donné instruction à son ministre de l’Intérieur pour, a-t-il dit, "une date qui sera fixée très prochainement" ».
Dysfonctionnement démocratique ?« Va-t-il encore nous baratiner en jouant le clair-obscur ?, s’interroge pour sa part le quotidien 24 Heures. Le peuple est dans un stress permanent depuis l’annonce qui a cassé le décret de convocation du corps électoral pour le 25 février. Les Sénégalais font face à des bourrasques particulièrement capricieuses qui ont déjà fait quatre morts et à une pression des partenaires techniques et financiers qui surveillent le pays comme du lait sur le feu. L’alerte est au rouge, prévient 24 Heures, et le président de la République, et encore moins sa famille politique, ne doit détourner le regard. Personne ne doit le pousser à frapper de mépris la décision du Conseil constitutionnel, au profit d’une bande qui ne compte pas lâcher le pouvoir. Tout ce mal vécu chez les populations provient du sentiment qu’elles en ont marre d’un système politique et social injuste et asymétrique », lance encore le quotidien dakarois qui conclut : « Notre modèle démocratique ne fonctionne pas bien. Ne nous y trompons pas ! »
Apaisement ?En attendant, on assiste à une certaine décrispation, avec une vague de libération de détenus politiques. L’opposant Ousmane Sonko pourrait être concerné.
C’est que pointe Le Monde Afrique : « Après une directive du chef de l’État adressée à son gouvernement "pour pacifier l’espace public", près de 350 détenus, pour la plupart sympathisants d’Ousmane Sonko arrêtés lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023, ont été placés en liberté provisoire. "Nous sommes dans le sens de la décrispation, dans le sens de l’apaisement de la tension politico-sociale", a déclaré avant-hier la ministre de la Justice Aïssata Tall Sall, n’excluant pas qu’Ousmane Sonko et son second, Bassirou Diomaye Faye – dont la candidature à la présidentielle a été validée malgré son incarcération – soient également élargis. »
Compromis ou compromission ?Alors va-t-on vers une entente entre Macky Sall et Ousmane Sonko ? « Les deux hommes ont des raisons objectives de fumer le calumet de la paix, affirme Le Pays au Burkina Faso. Du côté du président sénégalais, une entente avec le leader de l’ex-Pastef, dont il connait les capacités de mobilisation et de nuisance, pourrait ouvrir la voie à une collaboration politique en cas de victoire de l’un ou de l’autre camp à la présidentielle. Pour ce qui est d’Ousmane, il s’agit, en premier lieu, de se faire réhabiliter dans ses droits civiques et politiques. On le sait, par le fait du prince, Macky Sall a les clés qui peuvent offrir les portes de la participation à la présidentielle d’Ousmane Sonko. L’un dans l’autre, il y a de quoi aller à des compromis dynamiques entre les deux hommes. »
Reste que « ces dernières années, tempère Le Monde Afrique, les concertations avec le pouvoir ont souvent été périlleuses pour les opposants, parce qu’elles pouvaient être perçues comme une preuve de compromission par une partie de l’opinion publique et de l’opposition. Pour l’heure, les responsables de l’ex-Pastef invoquent "l’absence d’information et d’accès à Sonko", ou encore un débat "pas à l’ordre du jour" au sein de la formation, mais ils tiennent aussi à rappeler ne jamais avoir été opposés à un dialogue avec le pouvoir ».